lunes, 3 de diciembre de 2018

Théophile Gautier (Francia, 1811-1872)


Fatuidad
Soy muy joven; la púrpura en mis venas abunda;
mi cabello es de jade, mis miradas de fuego,
y sin tos ni arenilla puedo llenar mi pecho
con el aire del cielo, que es el aire de Dios.
Al capricho de vientos de Bohemia mis noches
y mis días arrojo, sin pensarlo dos veces
y a menudo entre botellas me sorprende la aurora
desatando una máscara negra de terciopelo.
Unas la llave de oro de sus almas me dieron,
otras dicen que soy su señor y su dueño,
yo las amo y a veces un ángel que es mujer
baja del cielo y duerme sobre mi corazón.
Saben mi nombre; fácil y feliz es mi vida;
tengo algún enemigo y algún que otro envidioso;
pero en mí la amistad siempre encuentra un asilo,
que otro sea feliz no me ofende jamás.



Fatuité
Je suis jeune ; la pourpre en mes veines abonde ;
Mes cheveux sont de jais et mes regards de feu,
Et, sans gravier ni toux, ma poitrine profonde
Aspire à pleins poumons l’air du ciel, l’air de Dieu.
Aux vents capricieux qui soufflent de Bohême,
Sans les compter, je jette et mes nuits et mes jours,
Et, parmi les flacons, souvent l’aube au teint blême
M’a surpris dénouant un masque de velours.
Plus d’une m’a remis la clef d’or de son âme ;
Plus d’une m’a nommé son maître et son vainqueur ;
J’aime, et parfois un ange avec un corps de femme,
Le soir, descend du ciel pour dormir sur mon cœur.
On sait mon nom ; ma vie est heureuse et facile ;
J’ai plusieurs ennemis et quelques envieux ;
Mais l’amitié chez moi toujours trouve un asile,
Et le bonheur d’autrui n’offense pas mes yeux.



(Fuente: Buenos Aires poetry)

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