miércoles, 6 de abril de 2022

Renée Vivien (Londres, 1877-París, 1909)

 

lucidez










 
 
 
El arte delicado del vicio ocupa tus recreos,
Y tú sabes despertar el calor de los deseos
A los cuales tu cuerpo pérfido y dócil se arrebata.
El olor del lecho se mezcla con los perfumes de tu ropa.
Tu rubio encanto se asemeja a la insipidez de la miel.
No amas más que lo falso y lo artificial,
La música de las palabras y de los débiles murmullos.
Tus besos se desvían y se insinúan sobre los labios.

Tus ojos son inviernos pálidamente estrellados.
Los lutos siguen tus pasos en tétricos desfiles.
Tu gesto es un reflejo, tu palabra es una sombra.
Tu cuerpo se aplaca bajo besos sin nombre,
Y tu alma está ajada y tu cuerpo usado.
Lánguido y lascivo, tu artero roce
Ignora la belleza leal del abrazo.
Mientes como se ama, y, bajo la dulzura fingida,
Se siente el arrastramiento del reptil atento,
En el fondo de la sombra, tal que un mar sin arrecife,
Los sarcófagos son aún menos impuros que tu cama…
¡Oh Mujer!, yo lo sé, ¡pero tengo sed de tu boca!

***

Versión de M. Dolores Martínez Muñoz
Revista De Dones I Textualitat N° 10

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Lucidité


 
L’art délicat du vice occupe tes loisirs,
Et tu sais réveiller la chaleur des désirs,
Auxquels ton corps perfide et souple se dérobe.
L’odeur du lit se mêle aux parfums de ta robe.
Ton charme blond ressemble à la fadeur du miel.
Tu n’aimes que le faux et l’artificiel,
La musique des mots et des murmures mièvres.
Ton baiser se détourne et glisse sur les lèvres.

Tes yeux sont des hivers pâlement étoilés.
Les deuils suivent tes pas en mornes défilés.
Ton geste est un reflet, ta parole est une ombre.
Ton corps s’est amolli sous des baisers sans nombre,
Et ton âme est flétrie et ton corps est usé.
Languissant et lascif, ton frôlement rusé
Ignore la beauté loyale de l’étreinte.
Tu mens comme l’on aime, et, sous ta douceur feinte,
On sent le rampement du reptile attentif.
Nul amour n’a frémi dans ton être chétif.
Les tombeaux sont encor moins impurs que ta couche,
Ô Femme ! je le sais, mais j’ai soif de ta bouche !
 
 
 
(Fuente: La comparecencia infinita)

 

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